Apprentissage

Rencontre avec une association de protection des lapins de compagnie

A l’occasion de la Journée mondiale contre l’abandon des animaux de compagnie, ce 24 Juin 2023,  j’ai souhaité mettre à l’honneur une association de protectio des lapins de compagnie. Ce zoom permettra, je l’espère, de donner un rayonnement à La Maison de Locky mais aussi de faire prendre conscience du travail effectué par cette association pour venir en aide aux lapins abandonnés et ou maltraités.

L’abandon est un acte cruel pour un animal car il est vécu comme un traumatisme. Il n’est pas en mesure de comprendre sa condition et il ne saisit pas non plus pourquoi on l’abandonne. Parfois, les abandons finissent mal mais pour les autres, ils sont heureusement sauvés par des personnes bienveillantes qui font tout pour leur offrir un foyer stable et aimant.

J’ai pu échanger avec Fanny, la Présidente de l’association La Maison de Locky et aborder des thématiques très diverses: l’abandon, la vie en refuge, les conditions d’adoption…Je vous laisse découvrir cet entretien authentique et qui résonne tout particulièrement avec cette journée de lutte contre les abandons.

 

Présentez nous votre association

La Maison de Locky est une association que j’ai créée en novembre 2019 avec mon mari Nicolas, on gère l’association tous les deux. L’association est avant tout un refuge c’est-à-dire que c’est nous qui accueillons les lapins dans plus de 95% des cas, nous sommes une famille d’accueil pour nos pensionnaires. On fait pratiquer les soins vétérinaires, les stérilisations, les vaccins, les parages dentaires, recherches de maladie si besoin etc.

Le premier lapin que l’on a accueilli est arrivé en janvier 2020, j’ai à ce jour récupéré plus de 120 lapins avec une capacité d’accueil entre 12 et 15 lapins normalement mais actuellement j’en ai 20.

 

Vous êtes déjà en saturation ?

Oui. J’ai eu un accident, j’avais une jeune lapine non stérilisée et qui n’était pas encore en âge de l’être et un mâle non castré, et monsieur a défoncé son enclos individuel… est arrivé ce qui est arrivé…une portée de 8 petits, ce qui explique ce dépassement de capacité d’accueil actuel. C’était une première portée pour cette lapine mais ça s’est bien passé, elle s’en est bien occupé, j’ai eu de la chance. Ce sont les inconvénients du surnombre même lorsque l’on prend toutes les précautions malheureusement.

 

Avez-vous atteint rapidement le seuil maximal en termes de capacité d’accueil?

En termes de nombre, ça a commencé par 1 puis 2…puis on est monté à plus très rapidement et je ne pensais pas en accueillir autant en fait ! Je sais qu’il y a des associations qui brassent beaucoup plus mais pour ma part, ce n’est pas mon objectif, je ne veux pas replacer un animal en 15 jours après son arrivée. Pour moi, l’animal- qu’il ait été abandonné ou maltraité- a subi un traumatisme et il lui faut du temps pour qu’il reprenne confiance en l’humain. Il y a aussi le stress de la castration ou stérilisation qui peut aussi jouer, donc généralement j’attends 3 semaines un mois minimum avant de les proposer à l’adoption. Le temps d’adaptation est important, j’y vais par pallier. J’ai des critères d’adoption et je veux des adoptants qui aient du respect pour ce que je fais, avant tout je suis une Maman de lapins.

 

Comment est née l’idée de créer cette association?

Locky c’est mon premier lapin, il a 7 ans. Mon mari en avait eu quand il était plus jeune et il m’a dit qu’il souhaitait à nouveau en avoir un. Moi je n’y connaissais rien car j’étais plus habituée aux chats, du coup on a fait des erreurs, on a appris de nos erreurs…on a eu Locky dans une animalerie, on a acheté la cage et toute la panoplie…les bêtises je les aies faites, mais on avait un super vétérinaire à l’époque qui a su nous conseiller sur la castration, les sorties, l’alimentation, et j’ai appris petit à petit comme ça. Une fois castré, on a pris une lapine puis 2 autres lapins.

J’ai adopté une lapine dans une association et ça s’est mal passé car la petite était malade, quand j’ai voulu avoir des explications, le personnel de l’association m’a répondu qu’ils étaient au courant mais qu’ils n’avaient rien dit! Je n’ai pas apprécié, j’étais déçue. Mon mari m’a alors soufflé l’idée de monter ma propre association avec les valeurs qui sont les miennes et avant toutes choses je voulais être une maman de lapins.

 

Locky est donc le centre de votre projet?

Mon association s’appelle La Maison de Locky, parce que le point de départ de cette aventure c’est grâce à Locky, j’ai appris beaucoup grâce à lui ; quelques jours après, j’ai enlevé la cage, je l’ai mis en enclos, il en sortait tout seul pour nous attendre, il avait besoin d’espace et d’une vie en liberté et tout cela s’est fait naturellement car j’ai appris de lui. C’était la révélation. Locky est un amour de lapin, il m’a donné envie de faire tout ce que j’ai créé, et il me le rend bien, il est heureux de voir des copains au refuge et il a compris que sa maison c’était sa maison et que les lapins accueillis étaient là en transit. Il ressent qu’on les aime, je pense qu’il fait la part des choses, tous les matins il veut aller voir les copains.

 

Combien y a-t-il de salariés ou bénévoles dans vos rangs ?

Nous n’avons aucun salarié, on a quelques bénévoles ce sont eux qui gèrent le compte Instagram puis Tiktok et Twitter et quelques personnes viennent aider à faire les enclos occasionnellement. Sinon moi et mon mari on fait tout.

 

Où accueillez vous les lapins ?

Dans un bâtiment annexe de mon logement, sur mon terrain, ce qui me permet de scinder le privé et l’association. Chez nous, on est des lapiparents, quand on va au local on est la dame et le monsieur, on se doit de garder une distance même si c’est difficile parfois de ne pas s’attacher à eux. Il y a des adoptions qui sont difficiles à gérer, c’est émotionnellement fort.

 

Est-ce que vous arrivez à faire adopter tous les lapins ?

Oui, généralement sauf cas exceptionnel. Je pense à Noé, un lapin décédé le 30 juin 2022 qui était chez nous depuis juin 2021. Il est arrivé sourd dû à un abaissement du conduit auditif, très sexualisé et atteint du e-cuniculiil avait de nombreux problèmes de santé, on ne pouvait pas le faire castrer. On avait pris la décision avec mon mari de le garder et il était devenu le lapin de l’association…cela aurait été compliqué de le faire adopter au vu de toutes ces difficultés ; on ne voulait pas prendre le risque. Noé avait choisi que l’association c’était sa maison…c’est un des seuls qui n’a pas été adopté. Certains sont décédés sur la table d’opération dû fait de leurs problèmes de santé.

 

Quelles sont les causes principales de recueil ?

Dans 80% des cas, il s’agit d’abandons de particuliers. Les causes classiques les plus entendues ce sont les allergies, les déménagements, le manque de temps, le coût.

Au début, il y avait des transferts d’associations avec des saisies pour maltraitance mais comme depuis longtemps on est en capacité maximum on ne peut plus accueillir ces cas de figure.

Après on observe un autre phénomène : des sauvetages de particuliers qui nous appellent pour nous signaler un animal errant, mais certains de ces cas sont des abandons masqués par les propriétaires qui ont peur de nous dire la vérité et qui emploient ce stratagème.

Par exemple j’ai recueilli un lapin en février dernier, Ixel, il est arrivé avec une malocclusion dentaire, la femme qui m’a contactée m’a dit qu’elle l’observait vivre dehors depuis 6 mois mais quand je l’ai récupéré les pattes étaient propres et soignées. Le but c’est de récupérer l’animal mais des fois on a des soupçons, on aimerait que les personnes soient honnêtes quand elles abandonnent leur animal au lieu de nous raconter n’importe quoi car cela peut occasionner de nombreux problèmes pour l’animal par la suite.

J’ai deux lapines que j’ai depuis 10 mois, on a tout essayé : communication animale, kinésiologie, soins énergétiques pour essayer de comprendre leur passif car on n’arrive à rien avec elles, impossible de les sociabiliser ni les faire progresser, elles sont bloquées dans leur vie passée, c’est un peu comme le syndrome de Stockholm. Je le dis, certains humains sont abjects, moi ça me fait mal et c’est de pire en pire, et depuis 2021 et la fin du COVID 19 c’est une catastrophe, cette année, c’est à cause de l’inflation, en fait il y a toujours une bonne raison…il n’y a pas de respect pour l’animal en tant qu’être vivant.

 

Il y a eu un gros boom avec l’après COVID 19, mais ne pensez -vous pas que c’est quelque chose de plus ancré au niveau sociétal ?

Oui tout à fait ! Dans le raisonnement de certains c’est « ce n’est pas grave, de toutes façons il y a les associations ! » Beaucoup vont acheter en animalerie, en élevage même très cher…et puis après ce sont des prétextes comme « j’ai plus le temps, mais il y a les associations comme la SPA de toutes façons pour les récupérer. ».

Par contre, venir adopter en association, c’est plus difficile et beaucoup ne veulent pas. Selon moi, il faudrait créer un fichier des gens qui adoptent, achètent des animaux et voir qui les abandonne !

J’ai eu le cas en 2020, entre les deux confinements, une personne m’a contactée et me dit « mon voisin a voulu se séparer de son lapin et je l’ai récupéré, vous pouvez le prendre ? » A l’époque j’étais plus crédule, j’ai récupéré le loulou, je m’en suis occupée et il a trouvé une chouette famille, et quelques temps après alors que je travaillais en collaboration avec les Anges du Rail qui font le relai entre les associations et les particuliers pour les sauvetages d’animaux, la co-traineuse arrive avec la cage de transport, les lapins et un chien qu’elle plaçait ailleurs.

Elle me donne les lapins et je vois arriver la femme qui avait abandonné le lapin venir chercher le chien…J’en ai parlé à la co-traineuse qui a contacté l’association qui allait donner le chien à cette femme, je leur explique la situation et on m’a répondu que ce n’était pas grave car malgré mes soupçons, ce n’était qu’un lapin qui avait été potentiellement abandonné. J’ai voulu alerter mais on m’a répondu ça, j’étais choquée qu’une association qui fait le même travail que moi ait cette réaction !

 

Il n’est effectivement pas rare d’entendre ce genre de préjugé comme quoi les NACS sont des « sous animaux » en tous cas pas à considérer au même titre que les chiens, chats…

C’est profondément choquant. Mais avec l’expérience, je peux vous dire que le monde de la protection animale c’est loin d’être un secteur idyllique, il y a beaucoup de pourris, même parmi les associations.

J’ai personnellement eu de mauvais contacts avec des associations NACS parce que ma façon de fonctionner ne leur plaisait pas. Je propose certaines choses à mes adoptants, comme un service de gestion pour la cohabitation (que j’appelle le speed dating) je fais les rencontres à mon domicile et j’aide les futurs adoptants dans cette démarche, ce qui les soulage beaucoup, car placer un lapin dans une famille qui a déjà un animal peut se révéler complexe. Cela ne plait pas, et j’ai déjà eu des réactions virulentes de la part de mes collègues du secteur ! Pourtant je ne suis pas la seule association à proposer ce type de service, je sais que la Colline aux lapins le fait aussi.

 

Comment l’expliquez- vous?

Je pense que c’est une forme de jalousie, je peux entendre les critiques mais pas le déferlement qui peut y avoir entre associations ! On peut ne pas être d’accord sur les méthodes mais c’est compliqué de voir son travail remis en question.

Il y a d’autres choses qui ne me plaisent pas en ce moment, par exemple, sur un groupe Facebook dans lequel je suis, j’ai vu une publication d’une personne qui avait perdu son lapin et une association est venue en commentaire lui quémander les affaires de son petit loulou décédé, personnellement je trouve cela honteux ! Mais ça explique aussi pourquoi beaucoup de personnes ne veulent pas passer par les associations pour adopter. J’ai remarqué que certaines personnes essuyaient des refus d’adoption en association sans motif valable et on a des retours négatifs quelques fois par rapport à ça…les gens vont alors en élevage ou sur le bon coin pour acheter leur lapin !

Après chaque association gère comme elle veut, mais il y a un manque de valeurs, il y a un problème sous-jacent que je n’arrive pas à définir…est-ce qu’on peut parler de concurrence entre nous ? de jalousie ?

(Locky passe sa tête pour dire bonjour)

 

Comment faites- vous pour faire vivre l’association ?

Les dons de particuliers, les partenariats, les parrainages qui m’aident souvent à payer les légumes, et avant je faisais une garderie mais j’ai arrêté cette activité avec l’association, dû à une mauvaise expérience avec une dame qui a voulu abandonner sa lapine et qui a refusé de payer la facture. De ce fait, j’ai créé mon entreprise de pet-sitter il y a plusieurs mois, et maintenant la garderie se fait par l’entreprise qui reverse un pourcentage à l’association.

 

Quand on veut adopter un lapin chez vous, quel est le processus ?
Fluffy adopté en 2021 et Gemea adopté en SOS

Le premier contact se fait par écrit (sms, mail, messenger…), j’envoie quelques questions pour connaître les conditions d’accueil. Si le questionnaire est concluant, on passe à un rendez-vous téléphonique pour voir le côté relationnel notamment. Ensuite, je laisse un temps de réflexion de quelques jours autant pour les adoptants que pour moi, il faut laisser décanter, car une adoption ce n’est pas un acte dénoué de sens. Personnellement je fais un debriefing avec mon mari même si je reste la dernière décisionnaire. On fait une visio ou une visite à domicile et ensuite on fait signer le certificat d’engagement et au bout des 7 jours réglementaires, soit on met en place un covoiturage soit les personnes viennent chercher le lapin. Les personnes qui habitent à proximité peuvent entre temps venir nous visiter sur place une fois les premières étapes validées.

Pour une première adoption sans cohabitation, les personnes me contactent souvent pour un lapin en particulier, si je vois qu’il y a une hésitation par rapport au caractère, je peux leur proposer un loulou plus en adéquation avec leur mode de vie. Quand il s’agit d’une cohabitation, je présente le coup de cœur mais si je vois que la cohabitation ne fonctionne pas avec le lapin initialement choisi, je propose un autre lapin à la famille. Il y a vraiment plusieurs critères à prendre en compte surtout quand on doit faire cohabiter plusieurs lapins ensemble ou avec d’autres animaux. Des fois, les animaux se choisissent mutuellement !

 

Quels sont vos tarifs pour l’adoption d’un lapin à l’association ?

Pour les femelles, c’est 180 euros, les mâles 150 euros, les jeunes non castrés 100 euros et les lapins SOS (âgés de plus de 6 ans ou malades) c’est minimum 50 euros.

 

Pouvez-vous nous décrire une journée type ?

Le matin, c’est petit déjeuner avec granulés, on vérifie les niveaux d’eau et le foin, on fait des papouilles. Dans la journée, ils sortent chacun à tour de rôle. Le soir, avec mon mari on leur donne les légumes avec les vérifications d’eau et de foin, et les câlins. On fait le changement de litière au minimum deux fois par semaine. Vers 22h, on va leur dire bonne nuit, on fait des papouilles et on va se coucher. Ça c’est le rituel ou la routine quotidienne.

Maintenant, quand on récupère un loulou, on le vermifuge, on vérifie les griffes, si besoin on les coupe, on fait un check-up de base et on envoie tout cela à notre super véto. Ensuite, on fait le point avec le vétérinaire, on programme la castration ou stérilisation si besoin puis on fait un suivi post opératoire 10 ou 15 jours après, puis on fait les vaccinations et l’identification par puce électronique. Personnellement, je conseille ce type d’identification pour les lapins, certes, ça a un coût mais si on sort son lapin en extérieur ça peut être une bonne solution.

 

Quelles sont les difficultés principales que vous rencontrez ?

La fatigue. Puis l’être humain me déçoit de plus en plus.

Ce n’est pas parce que l’on est une association que l’on doit rattraper les conneries des autres. Le manque de temps aussi, car il y a la comptabilité à faire, les réseaux sociaux à gérer, les visites chez le vétérinaire car pour moi c’est 2 heures allers/retours. Ce sont ces choses imperceptibles qui sont les plus dures à gérer. La vie de couple des fois en prend un coup, car c’est énergivore et chronophage. Beaucoup pensent que d’avoir une association ou un refuge c’est facile, mais on est toujours obligé de calculer, de prévoir…j’ai de moins en moins le temps de répondre par mail ou sur Facebook, je peux mettre jusqu’à 3 jours pour répondre à un message.

Le temps que j’ai, je le donne en priorité aux lapins (soins, alimentations, bien-être…), l’administration et les réseaux sociaux ça passe après. Mais des fois la vie de couple est mise de côté car si je fais un écart en me couchant plus tard ou en décalant ma journée, c’est du temps en moins pour les lapins et je dois rattraper les choses le lendemain et faire une plus grosse journée. Je ne peux pas partir en congés et avoir un imprévu ça chamboule tout car les loulous comptent sur moi. Pour les vacances, je travaille surtout pendant cette période puis il faudrait trouver quelqu’un de confiance qui vienne à mon domicile, autant dire que c’est inenvisageable. J’ai des responsabilités et quand on a une association c’est le cœur de nos vies.

 

En moyenne combien accueillez- vous de lapins en même temps ?

Plus de 15…le chiffre le plus bas que j’ai eu c’était 10, là ça allait ! Et je ne compte pas les garderies là ! je pense me spécialiser en garderie NACS, je fais aussi des visites à domicile pour les autres animaux ; mon vétérinaire est un vrai soutien car je sais que je peux compter sur lui. Mais j’aime mon travail à l’association et dans mon entreprise, je m’éclate !

 

Quel lapin voudriez- vous  mettre en avant aujourd’hui ?

(L’association a recueilli 120 lapins et fait adopter 94 d’entre eux)

Je voudrai mettre en avant une lapine arrivée l’été dernier, elle a été baptisée Jolie. On estime son âge à 2 ans, elle a fait quelques portées, elle est douce, calme, discrète, propre elle progresse en termes de socialisation et demande de plus en plus de câlins. Sa particularité c’est sa bouille, elle est vraiment jolie, on la surnomme Jolie Jolie, « Jolie au carré ».  Elle est tellement discrète que lorsque les gens viennent elle ne se montre pas, elle reste dans son coin.

Jolie a été récupérée avec ses 4 bébés et ses 4 petits enfants, elle a été mise dehors par sa propriétaire et une âme charitable m’a contactée pour la prise en charge. Elle vivait dans un endroit bruyant, elle était malmenée, jamais stable.

 

 

Y’a-t-il des lapins qui vous marquent plus que d’autres ?

Oui, il y a des lapins avec qui la relation est forte et avec qui c’est difficile de se séparer. Dans nos vies, déjà, on n’oublie pas nos lapins décédés, le deuil peut être très long, moi je n’ai jamais oublié ma troisième lapine Lola décédée alors qu’elle avait 4 ans, c’était le bébé de la maison, elle nous a quittés le 15 juillet 2022, je la pleure encore. Noé, je le pleure encore aussi.

Il y a une lapine actuellement à l’association j’aurai du mal à la voir partir, c’est la première fois que ça m’arrive mais je suis très accrochée à elle, elle est arrivée, je la tenais dans ma main cette boule de poils de 3 semaines, elle dormait autour de mon cou, je ne me vois pas la faire adopter, quand elle a eu ses petits, elle m’a laissé approcher du nid, on a une confiance mutuelle, je l’aime comme Lola ma lapine que j’ai perdu, je l’appelle « ma fille ». Mon mari sait que j’aimerai l’adopter mais le problème c’est que ça ne passe pas avec Locky. Elle a sa place ici, c’est la lapine de l’association.

 

Est-ce que vous craignez une hausse des abandons avant l’été ?

Oh oui ! Mais pour ma part, je constate une augmentation des abandons à chaque départ de vacances scolaires Pâques, été, Toussaint, Noël.

Depuis les ponts de mai 2023, je reçois beaucoup de messages de prise en charge…en ce moment je reçois un mail, un sms par jour. Dans les autres périodes, c’est 3 demandes de prise en charge par semaine, et au maximum c’est monté à 3 appels par jour !

Ça m’énerve parce que je suis au complet donc je ne peux pas aider les gens, je refuse depuis février…j’étais déjà à 16 lapins en février ! C’est épuisant.

 

Quel bilan tirez- vous de ce premier semestre 2023 ?

Catastrophique ! Il n’y a peu ou pas de dons de particuliers, c’est de plus en plus difficile de faire des partenariats avec les entreprises, il y a de nombreuses demandes de prises en charge et les frais ont augmenté (vétérinaire, alimentaire…). Hier, j’ai fait un graphique pour expliquer à ma communauté Facebook que j’ai eu 5000 euros de dépenses en avril et que rien n’était rentré pour compenser.

 

Quel est votre budget par mois ?

Le budget de fonctionnement moyen de l’association est d’environ 3000 euros par mois. Actuellement, je suis à moins 3300 euros sur ce premier semestre. L’association est à découvert. On n’a pas de subvention non plus et à la campagne c’est difficile d’obtenir des aides pour des lapins car on pense que les lapins sont des animaux de ferme élevés pour être mangés  et non des NACS doués de tendresse, d’intelligence…

 

Comment Bien Vivre Avec Son Lapin peut vous aider ?

En diffusant la page Facebook, en créant de la visibilité avec cette initiative d’interview, en relayant nos publications Instagram…Peut-être que cela peut amener à des adoptions, des dons.

 

De quoi avez-vous le plus besoin ?

En premier l’alimentaire, les dons financiers aident énormément aussi. Pour expliquer un peu nos besoins en alimentaire : 30 kg foin /mois, 24 kg granulés junior/mois, 100euros légumes/semaine. Je veux que les loulous mangent des produits de qualité, du bon foin, des légumes frais car tout cela influe sur leur état de santé (transit, dentition…) C’est primordial pour moi, et mes 4 lapins ont de la qualité donc je veux que pour mes pensionnaires ce soit pareil. Je ne veux pas leur donner n’importe quoi, je vais chez le maraîcher, je prends du foin bien vert, je ne veux pas faire des économies sur le dos des petits lapins ! J’achète les légumes 1 fois par semaine, je nettoie, coupe et je mets en sac pour faciliter l’organisation.

Un autre besoin que j’aimerai mentionner c’est le fait de faire connaître l’association, de relayer ce qui concerne les adoptions sur les réseaux sociaux, etc.… c’est vrai que la communication c’est quelque chose d’important et les gens peuvent nous aider aussi comme ça, faire parler de nous, partager nos actualités, nos publications…

 

Pouvez-vous nous parler du parrainage ?

Oui, j’ai eu l’idée de lancer les parrainages. C’est très simple, à chaque nouvelle venue dans l’association, je cherche un parrain ou une marraine, telle une bonne fée qui pourra contribuer au bien-être de son lapin de cœur. Le parrain ou la marraine choisit le nom du lapin, il ou elle fait un don libre généralement sur 12 mois, souvent un montant entre 10 et 20 euros/mois. En échange, je leur envoie des nouvelles personnalisées de leur protégé toutes les semaines, c’est donnant donnant, tout le monde se sent investi c’est un beau partenariat. Si jamais le lapin est adopté avant les 12 mois, le don bénéficie au nouvel arrivé. Je fais les annonces pour les parrainages directement sur Facebook, il n’y a pas de concurrence, c’est le premier qui se positionne qui devient parrain ou marraine.

 

Quel message souhaitez- vous faire passer à nos lecteurs ?

Un lapin c’est un animal particulier qui a besoin de soins spécifiques, cela a un coût et avant de se lancer dans l’adoption il faut prendre conscience de cela. Je n’ai de cesse de le répéter à mes primo adoptants à l’association.

Adopter c’est un acte fort, qui doit être réfléchi et ce sur plusieurs points (temps, finance, organisation) mais les lapins nous apportent tellement que ce serait dommage de passer à côté de tant d’amour et de belles émotions.

Entretien réalisé en Juin 2023

Retrouvez toutes les informations sur La Maison de Locky sur le compte Facebook de l’association

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