La cohabitation n’est pas une étape à prendre à la légère quand on a un animal, qui plus est un lapin! En effet, le lapin est un animal territorial avec un petit caractère bien trempé! Mais alors comment s’organiser au mieux quand on souhaite prendre un autre animal ou au contraire accueillir un lapin pour agrandir son foyer? Voici quelques éléments de réponses…
La cohabitation: de quoi parle t-on?
Le vivre ensemble
La cohabitation suppose que l’on souhaite accueillir au sein de sa famille un autre animal dans les mêmes conditions que celui que l’on a déjà, c’est à dire qu’il bénéficiera des mêmes dispositions en termes d’environnement et de conditions de vie que la première boule de poils de la famille. Par exemple, le lapin devra bénéficier d’une vie en liberté ou semi-liberté avec un espace de vie propre aux besoins de son espèce. Ainsi, l’arrivée d’un autre animal ne doit donc pas être synonyme de restrictions d’espaces ou de libertés pour votre premier petit compagnon.
Moi, quand je prends un animal je veux lui donner le meilleur. Au départ, je n’ai pas été forcément bien conseillée, mais je me suis renseignée par moi-même et maintenant ma lapine vit en liberté, j’ai même enlevé son enclos! Ma chienne n’a pas perdu non plus en liberté, j’ai adapté l’espace disponible pour chacune. Pauline
Mon chat a toujours eu un accès libre à ma chambre, et quand j’ai eu ma lapine, j’ai installé un enclos pour elle à côté de mon lit. Ainsi, aucun des deux n’a perdu d’espace de libertés à l’arrivée de Taïa . J’ai tout fait pour que mon chat, qui avait ses habitudes avec moi ne se sente pas exclu, c’est pour cela que j’ai pris du temps à les faire s’accepter l’un l’autre. Sandrine
Cette disposition peut prêter à sourire mais il est utile de le rappeler dans la mesure où de nombreux témoignages mettent en lumière un phénomène de désintérêt ou de diminution de l’attention/ de l’espace/ des soins de l’animal le plus « ancien » quand survient l’arrivée d’un nouvel animal.
Quelque soit l’animal, s’il a eu une vie seul avec vous où il a pu développer des habitudes et forger son caractère, toute introduction d’un nouvel arrivant risque de chambouler son petit univers. En effet, il va devoir apprendre à vivre en communauté, partager son espace, accepter de nouvelles odeurs, apprendre à ce que votre attention ne lui soit plus exclusive…
Cette situation ne doit pas être sous estimée afin de ne pas risquer de briser une harmonie au sein de votre foyer!
Envisager une nouvelle cohabitation après un deuil
Ces remarques valent aussi quand on décide de prendre un nouveau compagnon à la suite du décès de l’un de nos animaux! On peut penser, à tort, que reprendre un animal pourra effacer le chagrin de celui qui a survécu, mais cela n’est pas aussi simple. Dans un cas comme celui-ci, il sera important de faire preuve de patience et d’apprendre à observer les changements comportementaux de l’animal qui a perdu son compère: Est-il affable? Est-ce qu’il s’isole ou au contraire cherche davantage votre compagnie? Développe t-il une carence (affective, alimentaire…)? Cherche t-il son binôme? Bref, tout signe de changement en termes de comportement ne devra pas être pris à la légère, et le fait d’en parler à votre vétérinaire pourra sans doute vous aider à soulager celui qui reste mais aussi vous-même dans votre prise de décision quant à l’adoption ou non d’un nouveau petit compagnon!
Assumer une nouvelle adoption
Tout changement peut être vécu comme un bouleversement. Ainsi, il ne faut jamais prendre à la légère le choix d’un nouvel arrivant, comme toute adoption, ce doit être un acte réfléchi. Dans ces cas là, il peut être utile d’en parler à votre vétérinaire et demander des conseils en ce qui concerne les espèces compatibles (copains-tibles)!
Mais il faudra aussi s’interroger sur le bienfondé de cette démarche: Est-ce que je vais avoir le temps de m’occuper d’un autre animal? Vais-je pouvoir l’accueillir dans les meilleures conditions et selon les besoins de son espèce? Est-ce que mon animal n’est pas exclusif/ agressif/ sauvage? Mon budget me permet- il de pouvoir soutenir l’arrivée d’un nouvel animal (alimentation, soins, garde, assurance éventuelle…)?
Chaque propriétaire doit être en mesure de pouvoir s’interroger sur ces points précis et connaitre suffisamment son animal pour limiter les risques.
Quand on a pris la décision d’avoir notre première lapine, on a tout regardé…ce dont avait besoin l’animal, les conditions de vie optimales mais aussi notre budget pour savoir si on serait capable de l’assumer! Pauline
Le lapin et les autres congénères
La territorialité, un enjeu à bien prendre en compte chez le lapin!
Le lapin est un animal grégaire qui par nature vit en communauté avec les autres grandes oreilles de son espèce! Il cohabite donc par nature avec les siens, dort dans un terrier familial, et s’établit autour d’un territoire donné avec d’autres familles. La territorialité chez le lapin est un élément qui ne doit pas être pris à la légère tant il fait partie de son schéma de vie, et ce même en ce qui concerne les lapins de compagnie. En effet, un lapin a besoin d’un espace qui lui est propre et dans lequel il pourra s’ébattre, marquer son territoire afin de se sentir à l’aise et en sécurité…
Zap est une lapine très territoriale. La difficulté que j’ai pu rencontrer par rapport à la cohabitation avec ma chienne Calia concerne le marquage. En effet, elle faisait systématiquement pipi dans le panier de ma chienne malgré le fait qu’elle soit propre et stérilisée…j’ai dû me résigner à enlever le panier et depuis je n’ai plus de problèmes! Pauline
Ma chatte avait pris l’habitude de rentrer dans la cage de substitution de ma lapine qui se trouvait dans le salon. Ma lapine avant d’être stérilisée ne supportait pas l’odeur de cette dernière, du coup quand elle constatait qu’une intrue était rentrée dans son espace, elle faisait ses crottes devant la cage pour marquer son territoire et baliser « sa maison ». Sandrine
Le lapin et ses fragilités
Dans la nature, le lapin est une proie. Mais cet instinct de proie, il le garde toujours en tant qu’animal de compagnie! Il cherche, par exemple, un endroit pour se réfugier quand il a peur, et souvent il cherche à se terrer (sous ou derrière un meuble, dans une cachette, dans un recoin). Le lapin est un animal craintif qui réagit au moindre bruit, mouvement qu’il ne connait pas et qu’il identifie donc comme un danger potentiel. Il n’est pas rare de le voir se mettre d’un coup sur ses pattes arrières, les oreilles dressées ou taper de la patte.
A la moindre contrariété, son petit cœur s’emballe et son rythme cardiaque s’accélère pouvant entrainer chez lui une crise cardiaque.
Mon lapin, par exemple, avait en horreur l’odeur des chiens, et si j’avais eu le malheur de caresser un chien ou si ce dernier avait laissé une odeur sur mes vêtements, dès mon retour à la maison, mon lapin m’inspectait, tapait de la patte et partait en courant se réfugier loin de moi! Impossible alors de l’approcher, de le rassurer, ou de l’attraper; la seule issue était de me laver et de mettre mes vêtements à laver, sans quoi je ne voyais plus le pompon de mon Grandes Z’Oreilles pendant plusieurs heures!
Mais alors qu’en est-il de la cohabitation avec d’autres animaux?
Chaque animal est différent de par son caractère, les dispositions de son espèce, ses habitudes de vie etc…
Dans la nature, le lapin vit avec d’autres congénères avec lesquels il partage son territoire de jeu et son garde manger- quand ce n’est pas lui le garde-manger d’un prédateur- cervidés, taupes, oiseaux, reptiles, insectes, batraciens, canidés… Si dans la nature, l’harmonie est respectée ainsi que le rôle de chacun dans la chaine alimentaire, qu’en est-il du lapin domestique?
Avec qui s’entend t-il bien en tant qu’animal de compagnie?
A cette question, il n’existe pas de réponse toute faite! En effet, la bonne entente dépendra d’une multitude de facteurs…Certains diront qu’il n’y a aucun problème avec les chiens ou les chats, mais d’autres pourront relater le contraire. On déconseillera plutôt certains combos comme par exemple lapin/rat, lapin/furet ou encore lapin/cochon d’inde (du fait de la transmission par l’un d’une maladie mortelle pour l’autre).
En ce qui concerne les chiens, il est déconseillé de prendre des chiens dits de chasse comme les épagneuls bretons ou encore les fox terriers…qui gardent un instinct de domination assez fort. Pour autant, il ne faut pas non plus faire de discrimination et réduire une espèce à sa race car cela n’est souvent pas le seul reflet de l’animal. Très clairement, tout dépendra de la façon dont auront été élevés les animaux, quels liens ils auront tissé ensemble et surtout du rôle de l’humain dans l’éducation de ses animaux.
Ma chienne est croisée épagneul, j’avais donc quelques appréhensions, puis j’ai entamé la rencontre progressivement. D’abord à travers les barreaux de l’enclos, là elles se sont reniflées. Au bout de deux semaines, j’ai enlevé l’enclos quand j’ai vu qu’elles ne se disaient plus rien. Très vite, ma chienne a compris que Zap était l’animal de la maison et elles ont mis au point une forme de langage entre elles. Zap suivait ma chienne partout, elle la collait, comme ci c’était sa mère ou sa sœur et des fois elle dépassait les bornes alors Calia lui faisait comprendre en faisant un petit aboiement et en la faisant reculer avec sa truffe! Dans ces cas là, Zap comprend le message et s’en va! Elles sont différentes mais elles cohabitent très bien ensemble. Pauline
Mon chat a un tempérament de chasseur, je n’ai donc jamais voulu laisser ma lapine seule avec lui sans surveillance, c’est contraignant mais il faut savoir que le processus de cohabitation peut être long. J’ai beaucoup travaillé sur les odeurs afin qu’ils se reniflent l’un l’autre sans avoir de craintes et qu’ils comprennent que la chambre était un espace commun. Je voulais qu’ils établissent une sorte de hiérarchie et qu’ils s’acceptent. Après plusieurs mois, chacun a trouvé sa place et nous dormons ensemble tous les trois sans soucis. Sandrine
Autres éléments à ne pas négliger
Autre élément à prendre en compte: l’âge et le vécu de l’animal qui arrivera dans votre foyer par rapport à celui que vous avez déjà! En effet, une hiérarchie peut s’opérer suivant l’âge du nouvel arrivant: s’il est plus jeune, il aura tendance à davantage être accepté, au mieux il sera « éduqué » par votre doyen, au pire ignoré!
Ma chienne est plus âgée je pense qu’elle domine, qu’elle a le dessus. Mais je pense qu’il y a une hiérarchie à partir du moment où l’un dérape ou franchit une limite par rapport à l’autre. Pauline
Un animal qui arrive avec un vécu, peut avoir eu un passé difficile, des problèmes avec d’autres congénères… D’où l’importance, dans ces cas là, de bien se renseigner auprès des professionnels (associations, éleveurs…) afin de voir si le nouvel arrivant potentiel est compatible (de par son espèce, son caractère et son passé) avec votre boule de poils.
N’oublions pas que la cohabitation entre les animaux est souvent hiérarchisée par un rapport de domination qui peut découler de l’espèce, du vécu, du sexe, de l’âge et du caractère de chacun!
Dans tous les cas, je ne peux que vous conseiller de prendre un maximum d’informations auprès des professionnels afin de faire le bon choix et surtout de ne pas le regretter!
En tant qu’association, nous faisons un test avec chaque lapin que nous recueillons pour voir si une cohabitation avec un chat ou un chien peut convenir. Dans certains cas, ce n’est pas possible car le lapin est trop stressé ou malade, c’est rare mais ça arrive! Si les futurs adoptants ont des animaux, on peut leur conseiller de devenir famille d’accueil pendant 1 mois par exemple afin de voir si ça se passe bien entre leurs animaux et le lapin à adopter, c’est un test grandeur nature qui peut s’avérer être très efficace! Quelque soit la situation, l’animal a besoin d’un temps d’adaptation! Oups N Co
Chaque animal est différent de par les caractéristiques de son espèce et son caractère, de ce fait aucun fait n’est immuable et les histoires et expériences de chacun peuvent aussi contredire les évidences des autres. Chaque animal interagira différemment aussi suivant ses conditions d’adoption et de vie mais aussi de l’amour et du temps que chaque humain lui offrira.
Merci à Pauline, Sandrine et Anaïs pour la qualité de nos échanges et la transmission de leurs expériences personnelles.